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Euzane Palcy, un destin Martiniquais

today28 novembre 2022

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Quelle fierté pour la Martinique de savoir qu’une de ses enfants pourrait se targuer d’avoir un des plus beaux parcours mondiaux en tant que réalisatrice et scénariste au cinéma. Il est des destins parfois imprévus. Comme quand une jeune Gros-mornaise, ville peu connue pour son nombre de salles obscures, développe une passion pour le cinéma qui l’amènera à devenir rapidement une figure incontournable des studios français et américains, dès la fin des années 1970. 

C’est bien d’Euzhan Palcy que l’on parle, née en 1958, réalisatrice précoce à 17 ans d’un téléfilm pour ce qui allait devenir bien plus tard Martinique 1ère, et qui adaptera en 1983, le roman de Joseph Zobel, La Rue Case-Nègres, dans un long-métrage éponyme. Ce haut fait d’armes cinématographique, qui a pu aussi exister grâce au soutien de personnes du milieu qui ont ressenti le potentiel de Palcy, a reçu un accueil émouvant par un public découvrant bien souvent pour la première fois la dure réalité de l’existence des Noirs de Martinique, à une époque où les rapports sociaux et économiques étaient encore plus durs et tranchants que de nos jours. La grande force d’Euzhan Palcy a été d’apporter sa sensibilité de martiniquaise, évidente, à sa maitrisé innée des codes de la narration visuelle du cinéma. 

 

 

Le succès public et critique de Rue Case Nègres, avec de très nombreuses récompenses internationales pour une première œuvre, amène Euzhan a être reconnue par ses pairs des grands studios de Hollywood qui lui proposeront de nombreux projets, dont le principal sera d’écrire et réaliser en 1989, le film Une saison blanche et sèche, qui narre l’histoire d’un professeur se levant contre les injustices criantes du régime de l’apartheid en Afrique du Sud. 

En plus de la qualité de cette oeuvre, qui est de nouveau un succès critique, c’est l’occasion pour Euzhan de diriger Marlon Brando, spécialement sorti de sa retraite. Cela sera la seule fois que l’acteur mythique sera dirigé par une personne féminine et noire, qui plus est pour le salaire minimum légal en tant qu’acteur, alors qu’il avait refusé d’apparaitre quelques minutes dans le Parrain 2 pour moins d’un million de dollars. 

Par la suite, Euzhan Palcy réalisera un conte musical issu de l’imaginaire fantastique martiniquais (et caribéen au sens large), Siméon, ainsi qu’un documentaire en forme de triptyque sur Aimé Césaire, qu’elle a suivi quelques mois pour capter l’essence de son parcours. 

Elle continue depuis son parcours américain, montant des projets de dessins animés ou de documentaires, et s’inspire aussi du mode de fonctionnement de Terrence Malick en espaçant de plus en plus ses œuvres, pour se concentrer sur le cinéma dans sa Globalité.

Avec un telle carrière, inédite non pas parce qu’Euzhan Palcy est une femme noire, mais surtout parce qu’elle est une réalisatrice accomplie, techniquement irréprochable, avec une patte bien à elle et un impact certain dans l’Histoire mondiale du cinéma. Elle a reçu de nombreuses récompenses internationales lors de ces 40 dernières années, avec en point d’orgue un Oscar d’honneur pour l’ensemble de sa carrière remis le 19 novembre 2022 à l’Académie à Los Angeles. Un privilège mérité dont peu peuvent se vanter, ce qu’elle ne fera pas, de part sa nature discrète. 

Une fierté martiniquaise, tout simplement.

 

Written by: mouvadmin

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