Bonjour Sarah, peux-tu nous présenter ton parcours ?
Je m’appelle Sarah, mon nom d’artiste c’est Hezen. J’ai grandi en région parisienne et j’ai fait des études de Sciences Politiques à Lille. Puis quand j’avais environ 20 ans j’ai eu l’opportunité de terminer mes études à Londres, qui était un endroit où j’avais des connexions musicales, par rapport à mes influences qui étaient très trip hop à l’époque. Ma maman est martiniquaise, mon papa est d’origine biélorusse et polonaise. Du côté de ma mère, il y a aussi des origines indiennes, que l’on connaît bien en Martinique. Mon arrière- grand-mère était coolie. J’ai commencé à écrire de la musique, directement en anglais, quand j’avais 13 ans. Après mes études j’ai décidé de me lancer dans la musique. La raison officielle de ma venue à Londres étaient les études, et la raison officieuse c’est que j’avais très envie de revoir Londres, où j’étais venue quelques fois pendant mon enfance et mon adolescence, et qui m’avait énormément marquée. Je suis tombée amoureuse de Londres. J’y suis depuis 11 ans et je ne regrette rien.
Tu as quel âge, si cela ne te dérange pas de le dire ?
J’ai 34 ans, et cela ne me dérange pas de le dire. C’est vrai que dans la pop c’est un truc qui pèse un peu, plus les années passent, surtout en tant que femme, on a un regard qui n’est pas le même. Mais je ne m’en soucie pas trop, je n’ai rien à prouver.
Tes influences principales sont le trip hop, mais c’est un truc qui est peu « passé » pourtant.
Oui c’était mon influence à l’époque. Après je n’en écoute plus tellement maintenant. J’ai eu un gros coup de foudre pour le trip hop au début de mes 18 ans. On m’a fait découvrir Massive Attack, Tricky, Portishead et ça avait été assez fort pour moi, même si à bien y réfléchir j’avais commencé avec Radiohead, avec des chansons comme Idioteque, sur l’album Kid A. C’est une sorte d’OVNI électronique et ça m’avait énormément marqué. Mais je ne me vois pas vraiment rentrer dans une case. En ce moment je suis en train de « désensevelir » une espèce d’influence que je vois, maintenant, depuis plein d’années, mais à laquelle je n’avais jamais fait attention, c’est la techno. C’est plus la « dance music ». Je n’avais jamais été à une soirée techno avant cette année, et là j’ai découvert qu’il y avait plein d’aspects dans cette musique que j’ai retrouvés dans la mienne. En fait, ça a toujours été un peu là. Mais après je ne pourrai pas faire de la techno pure, ça ne m’intéresse pas.
Il y a très peu de voix dans la techno…
Il y a très très peu de voix en techno en effet. C’est un ami allemand qui m’a fait découvrir la techno, il y a un an. C’est quelque chose qui est en train de venir un peu plus, et d’un point de vue musical, j’ai l’impression d’avoir poussé ma musique « pop » déjà loin, et là où je m’amuse le plus c’est quand je fais quelque chose sans savoir vraiment d’où ça vient. Je suis complètement surprise. Alors forcément en tant qu’artiste on se pose la question « il faut que j’essaye de faire de la musique que les gens vont aimer… » mais en fait je me rends compte surtout depuis un an que je m’amuse bien plus quand je fais vraiment ce que je veux. Et là ça a bien commencé avec le titre So we happen que j’ai fini en Martinique. Quand je l’ai fini je ne savais pas ce que c’était, et c’est finalement là, dans cette Terra incognita, que je me plais le plus.